AU BIFFF: Super de James Gunn

 

Rainn-WilsonSUPERLa présentation de ce film restera dans les annales du BIFF: une ambiance  surchauffée, un excellent scénario, des acteurs d´anthologie. Tous les éléments  étaient présents pour passer une soirée inoubliable et ce fut le cas.

L´histoire, a priori, assez simple, se révèle terriblement efficace dans ses déroulements et applications : Frank Bolt  joué par Rainn Wilson, voit partir sa femme Sarah (Liv Tyler) avec un dealer de drogue, Jacques (Kevin Bacon) et décide de se transformer en super héros pour se lancer à sa poursuite

Après une rencontre divine et quelques vagues lectures puisées dans des BD,  Frank comprend enfin sa mission sur terre, le sens de sa vie : il doit endosser casque et uniforme pour combattre le crime sous toutes ses formes.

En cours de route et d’aventures, il rencontre Libby jouée par la délicieuse Ellen Page.

C’est le début d´une alliance entre ces deux cinglés pour délivrer la femme de notre héros malgré lui.

Ce film s’attaque, en premier lieu, aux clichés  de la société américaine le mythe du héros indestructible comme Superman, Batman et autres zozos volants en tout genre…

Au-delà de cette première critique, l´auteur n´a absolument  pas peur de se mouiller pour casser l’idée d´une nation US soit disant invincible et nous livrer un film à lire et à analyser au deuxième voire troisième degré pour notre plus grand plaisir.

L´Etat étasunien se voit ainsi représenté par ce héros de pacotille qui se croit permis de s´attaquer à tout ce qui bouge, de défendre des causes parfois ridicules ou dépourvues du moindre intérêt.

Et l´on sait des décisions du Pentagone et de la Maison Blanche, pas toujours très réfléchies; certains «faucons » se voulant être les gendarmes du monde, interviennent à tout propos pour écraser une quelconque opposition.

Heureusement, pour notre héros, le ridicule ne tue pas ; il peut ainsi se permettre de s´attaquer au crime peu importe sa nature : ainsi, un quidam se croit autorisé à dépasser dans une file de cinéma, et boum il reçoit un coup de clé anglaise sur la tête ou si un citoyen ne respecte pas le code de la route… reboum !

C´est donc l´Etat nord-américain dans toute sa splendeur, omnipotent et omniscient, incarné par ce super héros, ce va-t-en-guerre patenté qui est ainsi directement mis en cause pour ses décisions de politique internationale.

Dans cette optique, Frank Bolt achète, en pagaille, des armes dernier cri, il en fabrique aussi  les unes plus surprenantes que les autres : des fusées, des trucs qui vous piquent là où cela fait mal, des griffes de la mort, bref tout l´attirail du parfait petit soldat ricain, toujours présenté comme un être indestructible, un surhomme dans les médias et à la face du monde.

Ce héros va réussir à sauver et délivrer son épouse en s´attaquant au repère des méchants, non sans mal d´ailleurs.

Le premier essai se révélant parfaitement infructueux. Ces scènes me font penser à des tentatives de libération d´otages en Iran, l’affaire de Panama ou encore la Guerre du Golfe par exemple, ou tellement convaincus de leur supériorité culturelle, technologique et intellectuelle que les pontes de Washington en oublient la plus élémentaire des prudences : rappelez-vous ces fiascos militaires ancrés à jamais dans l’Histoire.

La fin du film fut saluée par de francs applaudissements. Sans doute plus motivés par un show en apparence aussi désopilant qu´irrésistiblement drôle et divertissant.

Une seconde lecture du film révèle l´intelligence de James Gunn, son courage et sa probité intellectuelle et en cela, il mérite toutes nos félicitations !

 

 

David Robert

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