Elle est partout, mais jamais nommée. Bruxelles se cache à la vue de tous dans les albums de Tintin : dans les pavés de la place du Jeu de Balle où commence Le Secret de La Licorne, dans les kiosques à journaux et les tramways jaunes qui passent à l’arrière-plan, dans le dialecte marollien qui a servi de base aux langues imaginaires… Mais pourquoi Hergé a-t-il fait de sa ville natale un personnage si présent et pourtant si invisible ?
C’est à cette question que répond Patrice Guérin, né en 1980 près de Tours et devenu l’un des « hergéologues » les plus rigoureux. Membre de l’association les Amis d’Hergé, il a publié de nombreux articles et plusieurs livres qui dépoussièrent notre connaissance du père de Tintin. Son dernier ouvrage, Tintin au-delà des idées reçues, publié aux Impressions Nouvelles, s’attaque à 22 contre-vérités tenaces sur Hergé et son œuvre. Non, Tintin n’habite pas dans les Marolles. Non, la fameuse momie Rascar Capac ne vient pas du musée du Cinquantenaire. Et non, les jurons du capitaine Haddock ne sont pas inspirés d’un pamphlet de Céline.
Le travail de Patrice Guérin n’est pas seulement celui d’un historien, c’est celui d’un enquêteur qui traque l’origine des légendes. Pour chaque mythe, il remonte à la source, analyse comment l’information a été déformée ou inventée, et explique pourquoi elle a perduré. Un travail d’autant plus nécessaire à l’heure des fake news, où même d’éminents spécialistes d’Hergé ont parfois relayé des informations erronées. Patrice Guérin a passé en revue plusieurs centaines de documents écrits, audiovisuels et sonores pour rétablir la vérité.
Dans son second livre de 2024, Hergé face à son fétiche, il propose une double lecture fascinante de L’Oreille cassée. D’une part, une analyse de l’album où les thèmes du double, du faux et de l’identité fragmentée font écho aux tourments personnels d’Hergé au milieu des années 1930. D’autre part, une enquête sur un événement extraordinaire : le vol du véritable fétiche Arumbaya lors de l’exposition « Le Musée imaginaire de Tintin » au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 1er août 1979. Ce jour-là, la fiction a rejoint la réalité, et Hergé lui-même s’est prêté au jeu en se rendant au rendez-vous fixé par le voleur, un album de L’Oreille cassée sous le bras.
Au micro de Brol Fictions, Patrice Guérin nous emmène aussi dans la Bruxelles d’Hergé… Au passage, il démonte la légende en nous expliquant pourquoi Quick et Flupke ne sont pas des kets des Marolles, mais plus probablement des gamins d’Etterbeek. Et puis notre invité répond aussi aux interviews rituelles de Brol Fictions : les livres de ma vie et Bruxelles je t’aime ! Enfin, pour les auditrices et les auditeurs de l’émission, il nous donne à entendre une chanson singulière contant les aventures de Tintin… en japonais !
On retrouve aussi la chronique de Céline, notre bibliothécaire brolfictionnesque, qui nous présente son coup de cœur disponible en ligne ou à la bibliothèque Bruegel. Cette fois, elle a choisi Prendre soin de Marin Driguez, un ouvrage qui explore les liens entre soin, attention et vulnérabilité.
La programmation musicale de cette émission :
- L’air des bijoux de l’opéra Faust de Gounod (Jo Sumi)
- Brest de Miossec, reprise de Nolwenn Leroy
- Les Aventures de Tintin, par Taeko Ōnuki (大貫妙子)
(Pour des raisons liées aux droits d’auteur, les chansons proposées dans l’émission lors de la diffusion sur Radio Alma 101.9 ne figurent pas dans le podcast) l’émission lors de la diffusion sur Radio Alma 101.9 ne figurent pas dans le podcast)
