En 1940, en Pologne, les femmes et les enfants de soldats considérés comme prisonniers politiques par Staline sont internés dans des camps aux confins de la Sibérie. L’histoire d’une femme, Nina, et de son bébé, perdus aux portes de l’enfer, évoque la vie moins connue de certains déportés pendant la seconde guerre mondiale. Mais le film de Vanja d’Alcantara touche également à l’universel par son aspect métaphorique.
Comme l’auteur du film l’expliqua lors de l’interview livrée à Eric Maertens (Cinematek) après la projection au Bozar, elle souhaitait d’abord raconter une histoire intimiste, personnelle et inspirée de la déportation de sa grand-mère polonaise.
Cet objectif qui tenait à cœur de Vanja D’Alcantara est brillamment atteint.
Abandonnées de tous et obligées à un travail de forçats, un groupe de femmes – perdues dans un environement hostile – va livrer d’abord un combat en soi, une guerre loin du front.
Les photos sont sublimes, exceptionnelles même et nous aident à appréhender subtilement le niveau métaphorique.
Ainsi, le message transmis au second degré est, selon moi, éclatant de lucidité et d’universalité: la guerre n’épargne personne, la guerre détruit les destins, l’amour, la vie.
Tout en finesse, les paysages de ce lointain Kazakhstan : ces steppes, ce froid, cette solitude jouent parfaitement leurs rôles, à savoir représenter les murs d’une prison dont on ne s’échappe jamais.
Ces montagnes gigantesques sont les témoins impuissants de la lutte vaine, inégale que livre cette femme contre l’injustice, la loi du plus fort et l’incommunicabilité.
De plus, présentant des qualités incontestables sur le plan du rythme général, ce film est bien servi par l’actrice polonaise Agnieszka Grochowska. Son jeu se révèle juste et crédible.
Le choix judicieux d’absence de musique – sauf à la fin du drame – rend parfaitement la désespérance qui régnait dans ces sovkhozes soumis à l’implacable police politique soviétique.
Enfin, la majorité des dialogues – tout en simplicité – sont en polonais ce qui permet au spectateur de se concentrer sur l’évocation des sentiments, des valeurs humaines et d’apprécier, à juste titre, le premier long métrage prometteur de cette réalisatrice belge.
David ROBERT
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