Samedi 9 mai
Journée de l’Europe !
Une journée importante, pas seulement pour moi qui a travaillé à la Commission européenne, mais aussi parce que je suis une européenne convaincue. Je pense que sans l’Union européenne, le monde serait différent, surtout au niveau du rapport de force mondial. Quelles que soient les critiques sur les difficultés des européens à s’entendre et à prendre des décisions, il n’empêche que l’Europe est présente partout et a son mot à dire.
On commémore le 70ème anniversaire de la déclaration de Schuman. Celle-ci a créé la première communauté rassemblant six pays. En 1952, c’est la communauté du charbon et de l’acier, les industries de base de l’économie. Ce n’est que quelques années plus tard, le 25 mars 1957, que s’est formé la Communauté économique européenne (CEE) avec le Traité de Rome.
Les jeunes prennent l’Europe pour un acquis. Ils ne rendent pas compte de tous les obstacles qu’il a fallu surmonter pour arriver aux institutions, que nous connaissons aujourd’hui. Il est important de transmettre l’histoire de l’UE et des pères fondateurs, surtout aux jeunes, pour qu’ils restent dans la mémoire collective.
Nous, qui sommes originaires du Moyen Orient, nous savons ce que c’est que la guerre et les conflits. Nous comprenons sans doute plus que d’autres, ce qu’a été cette union basée sur la paix entre les peuples.
Les gens critiquent l’Europe, mais en même temps ils veulent plus de solidarité. C’est vrai que dans cette situation il faut que les différents états membres se soutiennent. Il est vrai que chacun était préoccupé à s’occuper de ses malades, il y a eu peu d’entre-aide. Il y a des éléments dont on ne dispose pas au niveau de l’UE, par exemple des chiffres sur le covid. Il y a des façons différentes de rendre compte du nombre de cas de décès ou d’hospitalisations : respect de la diversité ou incapacité de coordination ² ?
En ces temps difficiles, il faut éviter que des citoyens des différents pays se tournent vers des solutions populistes et nationalistes. Pour cette raison, il est nécessaire que l’UE se rapproche des citoyens et dialogue avec eux.
Un témoignage poignant nous vient du Brésil. Un auteur brésilien, Lima Duarte, de 90 ans qui dirige un collège, envoie une vidéo qui fait le tour du net, après le suicide d’un collègue de 85 ans. Ce dernier laisse une lettre disant qu’il n’en pouvait plus de vivre dans un tel pays. Lima Duarte ne mâche pas ses mots, il parle de l’haleine putréfiée de 1964, rappelant la période de la dictature. Aujourd’hui, 56 ans après, il est exaspéré par les ravages du virus auprès des personnes âgées, faute de prendre les mesures nécessaires pour les protéger. Il considère que le Président Bolsonaro a minimisé l’impact de la pandémie, surtout quand il affirme que les victimes sont des vieux et que de toute façon ils allaient mourir. Lima Duarte s’adresse à ceux qui sont au pouvoir en disant : « Ceux qui se lavent les mains le font dans
une bassine pleine de sang ». Beaucoup de colère transparait dans ses paroles.
Une bonne nouvelle qui nous vient du Soudan : la décision d’interdire l’excision des fillettes. Une peine de 3 ans de prison est imposée à qui la pratique. 45% des femmes dans ce pays sont excisées. Une Soudanaise intervient à la télé pour défendre cette décision. Il y a longtemps que les femmes de ce pays luttent pour interdire cette pratique barbare. C’est terrible quand on pense qu’elle est pratiquée dans 29 pays, surtout d’Afrique, dont essentiellement l’Egypte (97 millions d’habitants) dont 80% des femmes sont excisées, un peu moins dans la nouvelle génération avec 70%xxiii) et l’Ethiopie (avec 98 millions d’habitants et 74% des femmes excisées). Malgré les interdictions officielles, cette pratique continue. Les traditions ont la vie coriace, surtout quand elles concernent les femmes. Une mobilisation importante des femmes et de leurs organisations se poursuit pour sensibiliser la population de ces pays.