LIBAN Dimanche 29 septembre 2024

GUERRE SEPTEMBRE/OCTOBRE 2024

Dimanche 29 septembre 2024

Hier, c’était la consternation, surtout chez les chiites, après l’annonce de la mort de leur dirigeant suprême, Hassan Nasrallah, depuis 1992, après la mort d’Abbas Moussaoui, tué lui aussi par un tir de missile israélien le 16 février 1992. Les bombardements du vendredi 27 sur Dahié ont laissé sept immeubles en ruines et un trou béant. Elles ont fait trembler la ville et ont été entendues à des kilomètres aux alentours. On dit aussi que des fonds étaient cachés dans le sous-sol, qui servaient au financement du parti.

Des bombes spéciales, fournies par les Américains, ont pu descendre sous terre jusqu’à environ 60 mètres alors que se tenait une réunion du hezb en présence de plusieurs dirigeants et d’un membre iranien important1. Une opération prévue et planifiée par les Israéliens, alors que Netanyahou se trouvait aux Nations Unies à New York, d’où il a suivi en direct les opérations. Il était supposé négocier un accord de paix, preuve qu’il n’en était rien. Le premier ministre libanais sortant Nagib Mikati et le président de la chambre libanaise Nabih Berri participaient aussi à cette réunion.

Un silence inquiétant a suivi, suspens avant l’annonce par Israël qu’il avait atteint son objectif l’élimination de Nasrallah. Il semble que le hezb était infiltré et que les informations parvenaient directement à l’ennemi. L’Iran était-il au courant ?

Ce n’est que le lendemain, en début d’après-midi, que le hezbollah annonce la mort de son dirigeant suprême. Les autres qui ont péri avec lui ont à peine été mentionnés. C’est la consternation chez les adeptes. Peu de démonstrations publiques, les responsables qui restent se tiennent à l’abri, ils voient leur tour arriver, vu le nombre de ceux qui sont tombés depuis l’explosion des pagers.

Le lendemain, tout va plus doucement. Israël a continué à bombarder la même zone, sans que les cibles soient précisées. Les habitants de Beyrouth sont secoués et angoissés, drones et bombardements se poursuivent. Ceux qui peuvent s’éloigner de la capitale le font. Les étrangers quittent, évacués par leurs ambassades.

Les habitants de Dahié sont sommés par les Israéliens d’abandonner leurs domiciles. Ils font l’appel immeuble par immeuble, pour les vider avant de les abattre. Ils considèrent que ceux qui restent le font sous leur propre responsabilité. Dahié est pratiquement vide. Ceux qui ont de la famille ailleurs la rejoigne. Les autres trouvent refuge dans les écoles des quartiers voisins.

L’aéroport de Beyrouth continue ouvert, mais seule la MEA, compagnie nationale continue ses vols, tous pleins. Les lignes iraniennes et irakiennes ont été interdites par les Israéliens. Les autres compagnies peuvent opérer à leur propre risque. Elles évitent de le faire. Les Israéliens semblent donner leur accord sur ce statuquo. Il en est de même pour le port où le trafic des navires continue, mais au ralenti.

Des lignes maritimes privées se sont ouvertes vers Chypre. Elles profitent de l’aubaine en fixant des prix qui dépassent les 1000$ par passager. Certains n’ont pas d’autre choix.

Tous attendent la suite : cérémonie funèbre, désignation du successeur… Les Iraniens devraient aussi donner leurs consignes. Tous regardent le ciel pour voir si d’autres bombes vont pleuvoir.

Le hezb a été dépouillé d’une partie de sa base, petites mains, avec l’explosions des pagers et des talkies walkies, environ 4000 personnes, dont une partie est définitivement écartée. Ses dirigeants, commandants militaires et de nombreux membres de la brigade opérationnelle Al-Adwan ont péri et maintenant son chef. C’est un coup dur. Affaibli comment ce parti va-t-il réagir ?

Les Libanais attendent dans l’anxiété, craignant une nouvelle vague de violence. Ils espèrent qu’avec la pression de l’Iran, un accord de paix pourrait être négocié. Israël se trouve en position de force pour réclamer ce qu’il souhaite : vider le sud du pays. Le fera-t-il sur des kilomètres, peut-être jusqu’au fleuve Litani ou se contentera-t-il de la bande des 10 km dont il avait initialement parlé et qui est prévue par la résolution 1701 des Nations Unies du 11 aout 2006, la laissant sous la surveillance de l’armée libanaise et de la FINUL (forces des Nations Unies) ?

Les Libanais veulent la paix. Les déplacés veulent retourner chez eux. Tout le monde veut reprendre une vie normale. Avoir un président, un pays qui fonctionne. Ils n’admettent pas qu’on le détruise sous leurs yeux, alors qu’ils regardent impuissants.

Ce dimanche, dans les zones chrétiennes les cloches sonnent et appellent les fidèles à prier pour la paix.

  1. 1 Nasrallah a péri avec plus de 20 responsables du Hezbollah dans la frappe ayant détruit le QG de l’organisation. Le numéro deux du mouvement, Naïm Kassem, a affirmé que Nasrallah avait été tué en même temps que quatre autres personnes, parmi lesquelles Karaki, Samir Harb Jihad et Ibrahim Hussein Jezzini, qui est parmi les plus proches associés de Nasrallah. ↩︎

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