Jeudi 30 avril
On a préparé 1er mai, journée de la fête des travailleurs en enregistrant une entrevue de Lourdes Fernandes, responsable syndicale portugaise. Je lui ai demandé de raconter son vécu relatif au 1er mai 1974, juste après la révolution des œillets où pour la première fois depuis des décennies le 1er mai était commémoré. Le but est que les jeunes et les moins jeunes (puisqu’on est 46 ans après), surtout ceux de l’émigration, puissent comprendre la libération
de la parole et de l’action qui ont suivi la révolution du 25 avril 1974. Les rues de Lisbonne et des autres villes portugaises se sont remplies d’une foule, qui est sortie de chez elle pour marquer une date dont la célébration était interdite du temps du fascisme.
Il faut vraiment assurer la transmission des expériences et des connaissances de notre histoire récente.
Femmes solidaires
J’ai participé à un débat avec des femmes représentant des associations de différents pays, surtout de pays en voie de développement. Pendant cette crise, où les priorités sont ailleurs, on oublie toutes ces associations, qui appuient des projets fondamentaux pour les femmes de ces pays, touchées par la pauvreté et le chômage. Le corona les enfonce encore plus. Il ne faut pas attendre le résultat d’une enquête en cours sur l’impact de la crise pour faire fonctionner à
plein la solidarité internationale, les informations nous parvenant sont alarmantes, même plus que celles déjà mentionnées pour l’Ethiopie.
Qu’arrive-t-il aux femmes en détresse ici ?
Le Parlement européen, qui a eu vent de ce problème a ouvert ses locaux pour les accueillir. Elles sont quelques dizaines. Elles disposent d’une chambre avec une salle de bain et peuvent prendre leurs repas à la cantine, où elles sont servies par des bénévoles. L’une d’entre elles dans une entrevue à un organe de presse dit qu’elle est heureuse d’avoir un local où elle peut se retrouver et être tranquille. Elle ajoute qu’elle a de la chance que sa chambre donne sur un
jardin. Elle est convaincue que cette crise va développer des solidarités. C’est une situation provisoire, qui durera encore quelques semaines. Mais c’est une possibilité pour ces femmes de se poser avant que la dureté de la vie reprenne le dessus.
Plus de violence dans la société
La Commissaire européenne à l’égalité des chances, Helène Dalli, affirme pendant un débat que les femmes victimes de violence doivent nécessairement être séparées de leur bourreau. Elle mentionne aussi les violences subies par les femmes et par les migrants. Elle a écrit aux Ministres des différents Etats membres qu’une partie des 6 milliards € du budget européen doivent aider des initiatives en faveur des personnes en situation difficile. C’est une lutte constante, dit-elle, pour garder cette question sur l’agenda. Le Parlement européen s’y intéresse, mais il y a d’autres priorités pour le moment. L’Union européenne (UE) suit ce que les Etats membres font et certains fournissent une aide judiciaire gratuite aux victimes. C’est un cri quotidien, qui couvre les discriminations contre les femmes. Il est vrai que, quand les
femmes sont indépendantes, elles ont les moyens de se libérer d’un partenaire violent, ce qui n’empêche pas qu’elles soient harcelées par la suite.
Un exemple : En France, Isabelle avait déjà porté plainte contre son compagnon violent. Il a fini par tirer sur elle et ses parents, les tuant tous les trois. Le 16 mars, le tribunal de Paris condamne l’Etat à verser 100 000 € aux victimes xix. Une décision rarissime, mais qui fait jurisprudence, en ces temps de recrudescence des violences conjugales, marquées à la fois par l’inaction des autorités et les carences des services de police.
Les femmes sont très affectées par la suppression d’emplois liés à la pandémie, surtout lorsqu’elles occupent des emplois précaires et à temps partiel, ce qui est fréquent. L’UE va aussi encourager les Etats membres à financer les ONG, dont les fonds ont été coupés par les politiques d’austérité. Elle promet de canaliser plus de financementsxx.
De bonnes paroles qui, espérons-le, auront un impact pratique, surtout pour assurer les financements nécessaires.