Approvisionnement en masques et médicaments
L’usine de Plantel, en France, produisait 200 millions de masques environ par an. Avec
l’apparition de la grippe aviaire, l’Etat avait signé des contrats pour la livraison de masques et
la production a connu un boum. L’entreprise était devenue le numéro un mondial pour
certains modèles de masques. Brutalement, les commandes ont cessé, les masques n’ayant pas
été utilisés, on ne voulait pas les stocker. L’usine en difficulté, est rachetée par Honeywell, il
la reconvertit vers une autre production. Il y a deux ans, les machines ont été découpées pour
ne pas être réutilisées. « C’est un gâchis, dit une ancienne employée, qui y a travaillé pendant
43 ans, la fin a été très dure ».
Quand un ancien responsable de l’usine voit la situation actuelle, il est désolé et pense avec
quelques salariés pouvoir relancer la production de masques.
Ce ne sont pas seulement les masques qui manquent, il y a aussi pénurie de
l’approvisionnement en sédatifs, surtout le curare, pour la décontraction musculaire, lors de
l’intubation et le maintien dans le coma des personnes atteintes du covid. Au manque de
médicaments s’ajoute au manque de lits en soins intensifs. Maintenant les laboratoires
envoient leurs produits dans de grands contenants et le personnel des hôpitaux doit faire les
dosages. Les hôpitaux sont en concurrence les uns avec les autres pour s’approvisionner.
Chaque patient en soins intensifs a besoin de nombreux médicaments par jour et seuls trois
sont produits en France. L’usine Famar en fabrique une partie. Bien que le site soit en
liquidation, ils ont aujourd’hui 5 à 6 formules, alors qu’ils pourraient produite plus de 60. Ils
sont en sous-capacité de production. « C’est une déperdition » dit un responsable. L’usine
produisait aussi la nivaquine, base de la chloroquinine. Finalement, le site a été mis en vente.
La pénurie en temps de covid a changé la donne. Le gouvernement a cherché un repreneur.
Trois candidats se sont présentés. En attendant, un responsable de l’usine en appelle à la
responsabilité de l’Etat pour remplir le carnet de commandes.
40% des usines en France ont fermé ces dernières décennies. Certaines incluent la fabrication
de matières actives pour les médicaments. Parfois, il faut importer la matière active et
fabriquer ici. C’est le cas pour le mytazolan dont la matière active doit être importée d’Inde.
Les génériques ne sont plus fabriqués en Europe, parce qu’ils ne rapportent pas assez.
Aujourd’hui, on réclame une sécurité dans l’approvisionnement en produits pharmaceutiques
pour éviter les pénuries, assez semblable à la sécurité existante dans le domaine alimentaire.
La pandémie change la donne.
Le plastique sort grand gagnant de cette crise. Les industriels prennent leur revanche sur
l’interdiction faite aux caisses des supermarchés de fournir des sacs en plastique. La part des
produits pré-emballés a augmenté, pour contrer la peur du consommateur d’être contaminé.
Il faut surtout tenir compte de la grande quantité de plastique, utilisée par les hôpitaux pour
les habits de protection.
Ce sera pour plus tard l’application de la directive européenne qui interdit le plastique à usage
unique, sauf celui à des fins médicales. Le monde continuera à se transformer en une grande
poubelle de plastique !