Progression de la pandémie (3)

vendredi 20 mars

Ce serait le pic le virus.
Les cas augmentent et le confinement est plus strict. Mais les jeunes continuent à envahir la
Place Morichar, devant la maison. Ils ont poussé des hurlements en début de soirée, alors que
les derniers jours c’était plutôt calme. Surement un besoin de défoulement !

J’ai des nouvelles du Liban en parlant avec ma sœur. Sa belle-fille, qui a un magasin de fleurs
a été interdite d’ouvrir, malgré la déclaration officielle disant qu’elle le pouvait. Alors pour la
fête des mères, elle s’est installée avec son équipe à l’arrière de l’immeuble pour faire les
bouquets. Les livreurs viennent là pour prendre les commandes et faire les livraisons.
J’ai l’impression que beaucoup de personnes autour de moi font des rangements et mettent de
l’ordre dans leur appartement. C’est aussi mon cas.

De moins en moins de choses me manqueront. J’ai un stock de livres, achetés à la foire du
livre en février, le dernier grand rassemblement qui a été autorisé avant le confinement. J’en
profite maintenant.
Je lis « La peste » de Camus, signe des temps ?
Ces temps en rappellent d’autres ! Voyons comment ont-t-ils été vécus.
« Tout ce que l’homme pouvait gagner au jeu de la peste c’était la connaissance et la
mémoire », réflexion du Dr Rieux, personnage principal du livre d’Albert Camus, qui faute de
pouvoir soigner, isole les malades et les assiste, impuissant. Il ajoute que la connaissance est à
la fois « une chaleur de la vie et une image de la mort ».

D’autres livres sur les pandémies sont fréquemment cités dans les médias et reviennent sur le
tapis. Celui de Jean Giono : « Le hussard sur le toit », dont l’auteur dit : « Le choléra est un
révélateur, un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus
nobles ». Beaucoup d’imaginaire puisque le choléra n’a jamais eu un impact aussi fort. Celui
de Stephen King : « Le fléau », décrit une pandémie de grippe créée en laboratoire qui se
répand à travers les États-Unis et emporte la plus grande partie de la population. Les rares
survivants se scindent alors en deux camps aux buts diamétralement opposés, reproduisant
ainsi la lutte éternelle du Bien contre le Mal. Celui du portugais José Saramago :
« L’aveuglement » où toute une population est atteinte de cécité est prémonitoire de la cécité
qui peut atteindre l’humanité. Le livre de Philip Roth « Némésis » décrit la transformation 6
des vies confondues par le surgissement d’un mal radical, implacable et sans cause, la
poliomyélite, à une époque ne disposant pas de vaccination.

Incroyable, le vécu des hommes dans des circonstances, bien plus terrible qu’aujourd’hui. On
s’aperçoit que l’homme a si peu de possibilité de contrôler les épidémies. Malgré tout, ce qui
reste c’est ce qui lie les humains entre eux et la menace renforce leur solidarité. Que peut-on
faire d’autre face au désarroi ?

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