Progression de la pandémie (37)

Lundi 4 mai

J’ai fait un tour par la rue commerçante de St Gilles. Je pensais que plus de petits commerces seraient ouverts, mais leur nombre est resté très limité : magasins de tissus et d’objets pour la couture. En fait, leur ouverture est prévue pour la semaine prochaine. On voyait une file devant un des magasins de tissus, alors qu’auparavant il était très peu fréquenté ; sans doute les personnes en recherchent pour la fabrication de masques ou de vêtements. Beaucoup, surtout des femmes, ont ressorti leur machine à coudre et comme elles ont le temps, font euxmêmes leurs habits. Les magasins d’alimentation étaient déjà ouverts et ils continuent à avoir une forte fréquentation.

J’ai déjà mentionné tout ce que les médias pouvaient mettre à notre disposition sur le plan de la culture et de l’éducation. On peut y ajouter « l’open university », l’université ouverte au Royaume Uni, gratuite et on line. Elle dispose de toutes sortes de cours, que les personnes ont toujours rêvé de suivre. Une autre institution de formation professionnelle dispense des cours d’amélioration en informatique. Le public qui réagit est tout à fait d’accord que si une personne veut progresser dans son travail, l’informatique est indispensable. C’est ce que déclare avec enthousiasme une employée.

Recherche pour les vaccins

J’ai assisté à la grand’messe, conduite par la Présidente de la commission européenne, Mme Von der Leyen. L’internet y donne libre accès. On n’y aurait jamais assisté en temps normal. L’objectif est de réunir un montant de 7,5 milliards d’euros pour financer la recherche médicale pour trouver un médicament et un vaccin contre le virus, ainsi que pour produire du matériel pour lutter contre la pandémie. Le but étant que le produit résultant de ces recherches soit un bien commun, qui puisse bénéficier à tout le monde dans tous les pays.

L’UE a mis dans ce paquet 1,4 milliard €, en partie sous forme de prêts (600 millions horizon 2020, 80 du Fonds pour les désastres, 400 millions sous forme de loan guarantee). Le reste provient des pays européens les plus riches, les pays nordiques, dont la Norvège avec une contribution de 1,2 milliards, le Royaume Uni, un peu des pays de l’est européen, puis du Canada, de l’Australie et des pays du golfe, en particulier d’Arabie saoudite (800 millions), ainsi que différents autres pays du monde, chacun en fonction de ses possibilités.

On a vu intervenir les grandes organisations internationales : ONU, World Bank, OMS…des fondations comme celle de Melina et Bill Gates. Des chercheurs ont dit leur mot et même les voraces industries pharmaceutiques ont eu un discours nuancé d’humanisme. La somme visée a été atteinte. L’UE a fait très bonne figure en prenant le leadership de cette initiative.

Au-delà des discours, ce ne sont pas que des paroles, tous ont insisté sur la nécessité d’être solidaires, de se coordonner, de partager leur expérience et ont mis leur main à leur poche, sauf la Russie et les Etats Unis, les deux grands absents parmi les membres du G 20. On peut comprendre la raison pour le Président Trump. C’est plus obscur pour Poutine, sans doute pas très favorable au leadership des européens.

Maintenant au travail ! Et qu’on sauve des vies, qu’on épargne des souffrances, le plus vite possible !

Cette solidarité européenne s’est aussi exprimée dans des débats sur internet, des députés européens tels que Valerie Hayer (LREM et Sandro Gozi (du groupe renew du Parlement européen). On n’a pas beaucoup d’échos du travail du Parlement européen. Pourtant les réunions ont lieu sur internet.

En parallèle à ces initiatives, on peut dire qu’il y a une revanche de la voiture. J’ai déjà parlé de ce concert en drive-in. Cet exemple s’est multiplié de manière étonnante. Maintenant on a des drive-in pour un film, un concert, un spectacle… On « drive-in » aussi pour s’acheter un plat, un hamburger ou une pizza, mais aussi pour se faire tester du covid. La voiture réoccupe le premier plan, ou plutôt se maintient au premier plan. La baisse du prix du pétrole provoque un relâchement des économies en carburant et un retour des gros cylindrés. Les énergies renouvelables vont en prendre un coup. Si les autorités classent les projets dans un tiroir, ce sera une fâcheuse régression.

Limitation des libertés ?

Cécile Coudriou, Présidente d’Amnesty International se pose la question : toutes les mesures restrictives risque-t-elles de réduire la liberté des citoyens ? Elle est d’accord pour limiter les droits, afin de renforcer le droit à la vie, mais elle y voit un risque. Des volontaires de cette ONG sont arrêtés et pénalisés parce qu’ils portent de l’aide aux sans-abris. Plus important est le risque de marginaliser les parlements, élus par les citoyens, par rapport aux prises de décision. Celle-ci sont prises rapidement, elles sont « considérées urgentes » par l’exécutif. Il y a aussi un risque d’oublier ceux qui défendent ces mêmes libertés dans des pays où celles-ci ne sont pas respectées.

Comment trouver un équilibre qui permette de protéger la santé des citoyens et leur demander certains sacrifices au niveau de leur mobilité et de leur comportement ? C’est à cause de ce dilemme et des voix qui se sont soulevés que la Belgique a essayé de limiter, moins que d’autres pays, la mobilité des personnes.

Ce débat est loin d’être clos.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *