II- Un Déconfinement Progressif (11)

Avec cette crise sanitaire qu’est-ce qu’on rejette, qu’est-ce qu’on garde, qu’est-ce qu’on invente ?

« l’Obs » du samedi 16 mai, a décidé de soumettre ces questions à vingt-cinq personnalités de tous les horizons, de Nicolas Hulot à la Première ministre islandaise Katrín Jakobsdóttir, en passant par le prix Goncourt Nicolas Mathieu, l’économiste Thomas Piketty, l’ancienne directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher ou encore Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France. Une idée claire se dégage de leurs réponses : se débarrasser des activités destructrices de l’environnement et renforcer la cohésion sociale, muscler l’Etat-providence et les échanges de proximité, imaginer d’autres critères économiques et comptables, un bon usage du numérique et de nouveaux rapports avec la Chine.

Pour Nicolas Hulot, ancien ministre de la transition écologique : il s’agit de passer d’une économie carbonée à une économie décarbonée, dans tous les secteurs, des transports à l’agriculture, de la finance à l’industrie. Il faut développer les énergies renouvelables, toutes les activités liées à l’efficacité énergétique, le secteur du stockage des énergies renouvelables, l’économie hydrogène… Il s’agit de passer du tout-voiture à la mobilité durable, d’un modèle agricole mondialisé intensif en intrants chimiques, à un modèle agroécologique implanté dans chaque territoire, et en particulier au développement de l’agriculture biologique.

Valerie Masson : Dans l’urgence, du fait de ce confinement, nous avons découvert toutes sortes d’outils pour mieux travailler et échanger à distance. Souvent, les réunions sont plus efficaces, plus structurées. Il faut renforcer le réseau internet dans certains pays, en particulier en Afrique.

Beaucoup de travail et d’échanges peuvent se faire à distance. Il faudra repenser la mobilité pour les entreprises, recourir à plus de visioconférences, et de télétravail.

Il faudra aussi recourir aux producteurs locaux, arrêter de subventionner l’agriculture intensive, le transport aérien, la pêche industrielle et il faut plus de codécision dans les entreprises,

Najat Valud Belkacem, ex-ministre : Depuis l’épidémie, tant de politiques publiques qu’on nous disait infaisables sont devenues éminemment réalisables. Les expulsions sont évitables et les sans-abris peuvent être logés dans des édifices publics. On peut ne pas couper l’eau et l’électricité aux personnes en retard de paiement. Les petites entreprises ne sont pas obligées de mettre la clef sous la porte à la première difficulté venue. On peut alléger la surpopulation carcérale en quelques semaines. Des plans de plusieurs milliards d’euros sont mobilisables rapidement… Bref, en temps de crise, les règles inapplicables sont de rigueur. Depuis le début de la crise, tous les discours mettent en avant l’importance de l’entraide et de la solidarité : face à l’adversité, nous retrouvons la nécessité du faire ensemble. C’est ce qu’il convient d’appliquer à la sphère productive, et au travail en général : mettre un vrai coup d’arrêt à l’individualisation.

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