Lundi 15 juin
Quand on tourne la page
Pourtant une semaine plus tard, le déconfinement continue progressivement. Ce lundi, beaucoup de lignes aériennes ont repris du service. Cette fois-ci il ne s’agit pas de vols nécessaires, de rapatriements ou de vols pour des circonstances obligatoires, mais aussi de vols à des fins récréatives. Quant aux frontières terrestres, beaucoup ont ouvert mais en ordre dispersé, en fonction de la situation de chacun des pays. Certains attentent encore quelques
jours.
Mais peut-on tourner la page ? Le virus est toujours là, non moins virulent mais plus circonscrit. Il réapparait à certains endroits en Chine ou en Italie. Les autorités essayent rapidement de le circonscrire. Les autorités et la plupart des pays veulent tourner la page. En France, le Président Macron dit :« Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail, mais aussi de nous divertir, de nous cultiver. Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la France. » xlv
Il le fait en essayant de tirer quelques leçons de la crise :
« La seule réponse est de bâtir un modèle économique durable, plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres. » Le plus gros souci de la population ce sont les emplois. Alors il promet : « Avec les syndicats et le patronat, nous avons lancé une négociation pour que, dans toutes les entreprises, nous arrivions à préserver le plus d’emplois possible malgré les baisses d’activité… Pas question de renoncer à la solidarité qui a permis de traverser la crise sanitaire : « Cette reconstruction doit aussi être sociale et solidaire, une relance par la santé. »
Va-t-on vite oublier ces promesses et reprendre la routine, le « business as usual ». On a l’espoir que non et que les dirigeants auront retenu la leçon, au moins en Europe. Le virus n’a pas dit son dernier mot. Il se rappellera peut-être bientôt à notre souvenir.
Espérons que non !
Le confinement se poursuit. Pas facile de ne pas serrer les mains, ne pas donner de bisous, ne pas passer son gsm pour montrer des photos. Bref, on essaie de faire attention, mais parfois les réflexes prennent le dessus, on reprend les gestes habituels.
Les terrasses bondées, masques dans les poches, distances à peine tenues, les contacts se multiplient, à mesure que les rapports journaliers égrènent des chiffres rassurants. C’est le besoin du retour à la normale. Pourtant il faut prendre des précautions pour les plus menacés. Un malade de parkinson trouve qu’il a moins mal vécu le confinement parce que déjà il prenait des précautions. Le pire a été quand le déconfinement a commencé : comment sortir et ne pas se mettre en risque ? Il faut aussi qu’il se rendre dans des centres de santé ou chez les médecins.
Un autre, atteint d’une maladie grave, trouve qu’il a affronté beaucoup d’épreuves ces dernières années, et encore plus en temps de covid. Il dit qu’il n’est pas un angoissé, mais qu’il continue à se méfier beaucoup quand il sort.
Pour le moment, on continue avec les précautions nécessaires. Pas question de tourner la page, le virus circule toujours.
Le déconfinement ne pose pas seulement des problèmes aux personnes fragiles, les personnes concernées par le télétravail ne veulent pas revenir au bureau.
On parle de retour des équipes de forme alternée et sporadique, allant d’un à trois jours par semaine. Les plans de la plupart des entreprises sont prêts. Ils adoptent les mesures d’hygiène nécessaires. Seulement les salariés ne veulent pas revenir. Ils invoquent des raisons sanitaires et surtout le risque d’utilisation des transports publics.
La fréquentation des bureaux est faible et des tensions apparaissent dans les équipes. Le discours a alors évolué et les responsables des ressources humaines des entreprises proposent des modalités de retour volontaire. D’autres, ont repoussé jusqu’en septembre la rentrée des bureaux.
C’est que le temps du télétravail a produit des effets positifs, aux côtés des effets négatifs que nous avions évoqués : la productivité n’a pas baissé, bien au contraire et la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle est rendue plus facile. On est plus disponible pour les enfants, surtout quand les écoles sont fermées. Le temps passé dans les transports publics est considéré comme une perte de temps et d’argent, donc on économise là-dessus. Les télétravailleurs se sont adaptés à leur nouveau statut improvisé. Ils ont créé leur propre routine. Les réunions sur internet sont plus courtes et plus productives et maintiennent les relations sociales. Le travailleur réalise qu’il peut faire à la maison tout ce qu’il fait au bureau.
Les personnes s’interrogent aussi sur leur rapport au travail, aux collègues, à la gestion de leur unité de travail qu’elle soit privée ou publique. Forcer le retour au bureau n’est pas une solution durable. Il est évident que le vécu de cette période va amener les équipes de travail à organiser un télétravail structurel et alterné xlvi.
Qui est riche, qui est pauvre xlvii?
Qui est riche, qui est pauvre?
La crise économique exceptionnelle, que nous traversons a exacerbé les écarts de richesse et de revenus.
Pour la première fois, l’Observatoire des Inégalités français a fait un travail de fond pour définir ce que signifie être riche en France. Il a arrêté le curseur à deux fois le revenu médian (un calcul statistique pour définir la moyennexlviii), soit, pour une personne seule, 3 470 € de revenu par mois.
Une personne définie comme pauvre est celle qui vit avec moins de 867 € par mois. Ce chiffre permet de compter le nombre de personnes pauvres et de suivre l’évolution du taux de pauvreté. Alors qu’avant le niveau de pauvreté était défini, en revanche on ne s’attardait pas sur la définition de la richesse xlix.
Pour faire partie des 10 % les plus riches, il faut un patrimoine supérieur à 1,2 million d’euros. C’est stable depuis 2010. Mais pour Louis Maurin, le seuil de richesse serait atteint lorsqu’on possède le triple du patrimoine médian, soit 490 000 euros. Il y a évidemment bien d’autres mesures. Le nombre de millionnaires par exemple ? 1,2 million de ménages à ce jour. 70 % des riches ont plus de 50 ans. Un tiers vit en région parisienne et un sur dix à Paris.
L’Observatoire ne pouvait pas ne pas parler de Bernard Arnault, le Français le plus riche, dont la fortune équivaut « à la valeur de tous les logements de Toulouse ».