II- Un Déconfinement Progressif (23)

Lundi 15 juin

Ouverture des restos et cafés

Après trois mois de fermeture forcée, les restaurants et bars ont été autorisés à rouvrir leurs portes à la clientèle le 8 juin. Les clients sont contents de retrouver leurs adresses préférées ou d’avoir la possibilité d’en découvrir de nouvelles. Mais quel est l’état d’esprit des patrons de restaurants, quelques jours après cette reprise ? C’est une enquête du journal Le soir.

C’est un bar à St Gilles, qui a ouvert il y a quelques années, qui sert surtout du vin. Je suis passée à côté hier, sur le trottoir les tables étaient toutes occupées. La réaction du patron est très mitigée :

« Psychologiquement, comme tous les indépendants touchés, je suis passé par toutes les couleurs. Aujourd’hui, mon humeur hésite entre la résignation et cette hargne inhérente à nos caractères d’entrepreneurs ».

« Pour ce qui est de la rentabilité, je me laisse deux semaines d’expérimentation. Le plus difficile est de relancer le personnel avec un nombre limité de clients. Si cela ne s’avère pas rentable, il faudra réagir vite ».

Il ajoute que les patrons sont encouragés par l’esprit bien disposé de leur clientèle.

« Mon seul espoir est la solidarité. Au sein de notre secteur. Entre indépendants. Mais ce qui me porte le plus, ce sont les gens. Nous avons reçu tellement de soutien, commercial ou moral, des gens. C’est magnifique… et indispensable !!!”

La réaction d’un autre restaurateur situé vers le centre-ville de Bruxelles :

« Étant situés dans un quartier de bureaux, nous sommes restés fermés durant toute la durée du confinement. Mais dès que les perspectives politiques se sont clarifiées, nous nous sommes plongés dans l’organisation de la reprise et le nettoyage de notre café. Nous avons donc abordé cette reprise dans un esprit joyeux et positif. Au moment du confinement, nous avons perdu une partie de nos stocks que nous avons distribué à notre personnel. Pendant cette
période, nous avons bénéficié de l’aide octroyée à l’horeca, bien que cela ne suffise pas à couvrir notre loyer et nos emprunts. Le terme de notre emprunt, lui, a été décalé de quelques mois. »

Malgré les soucis, il y a de l’optimiste.

Un autre snack, où l’enquête se poursuit, se trouve rue de Flandre :

« C’était un tel plaisir de revoir notre clientèle, petit à petit, c’était super encourageant ». Il a réouvert il y a un peu plus de 2 semaines, toujours en take away/delivery : « ça évolue un peu plus doucement, mais sûrement. Donc nous vivons un peu moins le côté « reprise » aujourd’hui, étant donné que nous avons eu la chance de pouvoir continuer à travailler
pendant cette période, même si c’était à équipe et régime très réduits ».

Certains ont d’autres problèmes :

« Les établissements sans terrasse souffriront davantage. Pour compenser, il faut alors limiter ses coûts, augmenter ses horaires d’ouverture pour encourager la rotation de table et le nombre de couverts d’un service… le tout sans abîmer l’expérience du client qui doit profiter de son moment à 100% ! Les problèmes et contraintes auxquels nous avons dû faire face sont l’inquiétude et la peur de travailler du personnel. Mais aussi la pénurie de certains produits chez les fournisseurs. Par exemple la farine, ou la levure, essentielles pour les pizzas, se sont révélées presque aussi compliquées à obtenir que des masques. Nous avons essayé de faire jouer nos contacts en Italie pour nous aider à l’approvisionnement alors que le pays était encore plus touché. Nous avons racheté au préalable les fins de stocks de certains grossistes sentant le vent tourner. »

Mais jusqu’aujourd’hui les cafés et restos du centre-ville sont loin d’avoir retrouvé leur niveau d’activité d’avant le confinement, contrairement aux cafés de quartier qui retravaillent bien.

Cependant, les personnes s’habituent rapidement le personnel comme les clients.

Gel hydroalcoolique à l’entrée, tables avec une distance réglementaire, personnel avec des masques, … On ne voit pas le sourire de serveurs, on le devine dans leurs yeux. Pour le reste, le plaisir reste le même selon un client : « Se retrouver avec les personnes qu’on aime autour d’une table et apprécier ce qu’on a dans son assiette ».

Voir le monde autour de soi, en terrasse ou au resto on a l’impression que la vie reprend et qu’on retourne à la normale.

Même entre amis les choses changent. C’est le cas d’un dîner post-confinement ou plutôt en période de déconfinement. Des amis se rencontrent pour la première fois, pendant cette période. Ceux-ci sont en dehors du cercle des proches, des bulles. Alors on institue un nouveau rituel : lavage des mains ou gel à l’entrée, pour les apéros chacun a son assiette. On verse la nourriture directement dans l’assiette. On ne peut plus mettre les chips dans un bol au milieu de la table où chacun peut picorer. Chacun devra se servir. En plus il faut veiller à garder les distances ! Il faudra calculer le nombre de personnes invitées en fonction de la superficie de la pièce.

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