III-ON RECONFINE (1)

Que font les fondations ?

Des scientifiques européens au nombre de 76 lancent un appel pour financer la création d’une fondation sur le modèle de celle de Bill Gates afin d’intervenir dans la crise sanitaire. L’Europe aurait-elle pu agir autrement ? Les fondations ont un temps de réaction beaucoup plus court que les Etats et n’ont pas trop de procédures à respecter. Elles sont autonomes, ne sont pas conditionnées par des forces politiques et peuvent intervenir le plus vite possible.
Aux Etats-Unis leur existence est bien ancrée. C’est une manière pour les riches de compenser par des dons le manque de financement public, d’autant plus qu’ils sont exemptés d’impôts. Mais en Europe les Etats jouent un rôle trop central. La philanthropie reste peu développée.

Faut-il voir dans cet appel un moyen pour faire face à la crise sur le modèle libéral américain ? L’idée n’est pas que les fondations se substituent à l’Etat, mais qu’elles soient complémentaires, explique un des professeurs signataires : « Les Etats ont la responsabilité première de la sécurité de leur population et ont la charge d’assurer la justice fiscale, qui est
essentielle à la cohésion sociale » liii.

Si la bureaucratie des Etats ou celle des institutions européennes peuvent retarder l’action, on pourrait y remédier en recourant aux fondations privées. Mais il ne faut pas en dépendre ; ni jamais compter uniquement sur elles. Elles occuperaient la place du secteur public et auraient trop de pouvoir comme la Fondation Gates. Elles risqueraient de dicter leurs choix et leurs orientations.

A l’heure où la Chine et les Etats-Unis s’affrontent en tentant d’imposer des doctrines politiques et sociales respectives, il dépend de nous de préserver le socle de solidarité sociale qui incombe à la démocratie. Comme on l’a déjà dit, par temps de crise, les inégalités s’aggravent, les plus démunis sont les plus touchés. Les Etats doivent assumer leurs responsabilités, ainsi que l’Union européenne qui doit se doter d’une capacité renforcée de gestion de la crise. Ils doivent intervenir auprès des populations frappées le plus durement par la crise sanitaire, marque d’un grand effort de solidarité.

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