Progression de la pandémie (22)

Les femmes ne se confinent pas comme les hommes. Elles font beaucoup plus. Elles passent plus de temps à faire le travail domestique. Puisque toute la famille est à la maison, elles doivent prévoir deux repas par jour avec ce que cela implique de planification et d’approvisionnement. Normalement c’était un seul repas, en général celui du soir. Pour les enfants, même si ces tâches sont en partie partagées, ce sont les femmes qui maintiennent le contact avec l’école, prennent note des devoirs à faire à la maison et veillent en partie à ce qu’ils soient faits.

Et les femmes émigrées : comment vivent-elles leur confinement en Belgique ?

Le site AWSA (Association de solidarité des femmes arabes) a demandé à certaines d’entre elles de témoigner xi.

Noura Amer dit : « Le confinement, moi je connais, c’est l’histoire de ma vie que voici ! »

Elle raconte sa vie : ayant vécu la guerre dans mon pays d’origine, le Liban, ce confinement éveille chez moi un mélange de sentiments contradictoires.

Je suis née une nuit d’apocalypse, jonchée de blessés et de cadavres. Je suis la troisième fille d’une jeune mère, qui accouche par césarienne. Alors, plusieurs options s’ouvrent pour mon prénom. Certain-e-s veulent m’appeler «Guerrière », vu les circonstances, mais le choix se pose sur un prénom, qui évoque la lumière en arabe « nour », « la seule lumière » cette nuit-là.

D’un côté, comme personnes confinées, non touchées par la maladie ou le décès d’un-e proche que nous sommes pour le moment, nous vivons dans le confort d’être chez nous, dans une maison avec jardin (ou pas) en ayant tous les moyens nécessaires à une vie quotidienne agréable : nourriture, chauffage, eau chaude, internet, ordinateurs, … D’un autre côté, notre corps et notre âme, déjà traumatisés par la guerre, luttent pour faire la part des choses et ne pas sombrer dans la peur tétanisante. La peur de cet extérieur, qui est devenu menaçant, la peur d’une mort possible, à laquelle on a pourtant échappé des années durant. Pour la première fois, depuis notre exil, nous ici et nos proches éparpillé-e-s de par le monde, nous sommes plongé-e-s dans la même « guerre », « nous vivons la même peur ».

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