II- Un Déconfinement Progressif (14)

Le plan de relance européen, proposé par le couple franco-allemand, que nous avons déjà mentionné avec la réunion de l’eurogroupe, a levé à la surprise générale le tabou allemand de la mutualisation des dettes européennes, puisqu’il propose que la Commission européenne s’endette à hauteur de 500 milliards d’euros et verse ensuite cet argent, par le canal communautaire, aux Etats, régions et secteurs qui ont été les plus touchés par le coronavirus. C’est en dessous des 2000 milliards proposés par le Parlement européen. Il s’agit pour l’UE de lever ce montant sur les marchés financiers. Il ne s’agit pas de crédits, mais d’une dépense budgétaire de l’UE. Ils seront donc remboursés par les états membres, en fonction d’une clé de répartition, selon leur poids dans le budget européenxxxi.

C’est un changement fondamental. Face à ce qui est considéré comme la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a accepté de changer de position sur deux outils fondamentaux. Elle a donné son aval à un programme de relance, alors que depuis dix ans elle considérait que le salut était dans les plans d’austérité. Et elle vient de briser le tabou de la mutualisation de la dette, alors que jusqu’à présent elle s’y était refusée.

Cela ne signifie pas pour autant une « europeanisation » de la dette, puisque chaque Etat membre sera responsable par rapport à l’Europe des montants qu’il recevra. Comment expliquer ce revirement ? La semaine dernière une cour constitutionnelle allemande (Karlsruhe) avait estimé que la Banque centrale européenne avait outrepassé son mandat, en opérant des rachats de titres souverains. Cet arrêté devait motiver la Chancelière à accélérer l’intégration dans le domaine de la politique économique, pour éviter un vide au niveau de la zone euro. Il a aussi fait comprendre les limites de la politique monétaire.

Cette proposition devance les propositions de la Commission européenne, qui seront
présentées avant le 27 mai. Elles ont été retardées de quelques semaines, à cause des
divergences entre les 27 Etats membres.

L’Allemagne devrait aussi peser pour 50% des aides publiques nationales, validées par la
Commission pour atténuer le choc économique des mesures de confinement, contre 15% pour
la France.

A propos d’Europe voyons ce qui s’est passé au niveau de la santé.

La chancelière Angela Merkel affirme : « La crise sanitaire nous a fait prendre conscience des insuffisances de l’UE ». La santé n’est pas une compétence européenne. Le manque de solidarité européenne pour le matériel médical au début de la crise et les fermetures de frontières sont considérés par l’UE comme des réflexes nationalistes. Le couple francoallemand propose l’ébauche d’une Europe de la santé : stocks de matériel, plan de prévention des épidémies, recensement commun des cas, coordination pour la fabrication de matériels utiles sur base d’une industrie européenne.

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