mercredi 8 avril
Jamais on n’a lu autant de poésie. Serait-ce que le confinement rend l’âme poète ?
Des volontaires lisent sur les réseaux sociaux. On reçoit des messages ou des liens qui renvoient vers des textes de poésie.
L’âme a besoin de poésie, comme elle a besoin de chants ou de musique. Mais faute de temps, de calme ou de recueillement les personnes oublient la poésie. « On la disait morte, enterrée, confinée dans quelques recueils que chérissaient les derniers mohicans de la littérature. Et voici qu’elle revient, plus forte que jamais. Plus indispensable,
surtout en ces temps incertains. Et c’est la poésie insaisissable et multiple, éternelle et constamment réinventée ». viii
Ce n’est pas seulement la poésie qui circule. Beaucoup, surtout des acteurs de théâtre lisent des textes, surtout littéraires. Le but est de renouer et de garder le lien avec le public.
C’est aussi le cas dans le domaine du cinéma : MK2 curiosity offre une soirée par semaine avec des films gratuits. La cinematek a mis quelques 300 films en ligne. Une cinquantaine de concerts gratuits sont en streaming vidéo, y compris les concerts de Jazz du festival de Montreux. Une vidéothèque sur la danse est aussi offerte en accès gratuit.
La culture accessible à tous c’est ce dont beaucoup rêvaient.
Rivé à son écran, on a le choix. Chacun en fonction de ses préférences peut faire sa sélection et passer de bons moments.
Des nouvelles beaucoup moins réconfortantes nous arrivent aussi. J’ai reçu la newsletter de la personne responsable d’une agence de voyage associative vers l’Ethiopie, avec qui j’ai gardé contact depuis un voyage fait il y a deux ans. Elle est très engagée dans le développement et l’aide à des coopératives de femmes. La situation dans ce pays de 110 millions d’habitants est dramatique face à la pandémie. Comment demander à des personnes qui vivent dans une
grande promiscuité de s’isoler ? Il est presque impossible de garder les distances dans cette grande métropole qu’est Addis Abeba. La plupart des personnes travaillent et gagnent leur vie au jour le jour. Elles se retrouvent sans travail et n’ont plus les moyens de subsister. La situation sanitaire est aussi déplorable, comme dans d’autres pays africains. Comment lutter contre le virus ?
A voir cette situation, on se dit qu’on est vraiment des privilégiés dans nos pays européens.
(viii) Texte du Mad supplément du journal Le Soir du 8/4/2020