Samedi 25 avril
C’est le 46ème anniversaire de la révolution d’avril au Portugal, la révolution des œillets ! Pas de défilé, aucune manifestation de rue. Corona oblige ! La cérémonie traditionnelle à l’Assemblée de la République a eu lieu, en présence de députés en rangs clairsemés.
Au Portugal, et ici pour ceux qui le veulent, on chantera « Grandola vila morena », la chanson de José Alfonso, qui a été le signal de départ de la révolution des officiers en cette nuit du 25 avril 2014. Chacun chantera de son balcon ou de sa fenêtre, en brandissant un œillet rouge, symbole de la révolution, arboré dans toutes les manifestations, qui ont suivi l’action des capitaines du 25 avril.
J’ai suivi les débats sur internet et le soir des concerts de musique. On voyait beaucoup de jeunes qui participaient. Leur présence fait chaud au cœur, car il faut que la mémoire reste vive. Qu’on se rappelle que c’est ainsi que le Portugal a marqué la fin d’un régime fasciste oppresseur qui a duré cinquante ans, le début de la liberté et de l’instauration d’un régime démocratique.
Les jeunes qui n’ont pas vécu cette période, ne se rendent pas compte de ce qu’était la répression de ce régime, l’absence d’expression et de liberté, la discrimination à l’égard des femmes, sans oublier les prisons et les tortures. Les femmes étaient complètement dépendantes du mari dans une société patriarcale, fortement soumises à une église catholique conservatrice. Elles ne pouvaient pas travailler sans l’autorisation du mari, ni voyager, ni avoir un compte en banque. Elles étaient considérées comme des mineures.
A cette occasion, j’ai enregistré l’émission sur Radio Alma avec Ana Coucello, feministe et antifasciste, conjointe de l’un des capitaines, qui a participé au 25 avril. Elle a été très impliquée dans la lutte contre le fascisme et la préparation du mouvement des capitaines jusqu’à la prise du pouvoir. Elle est Présidente honoraire de l’Association des femmes de
l’Europe méridionale (AFEM) et a été longtemps Présidente de la Plateforme portugaise des droits des femmes (PPDM), qui regroupe les associations des femmes au Portugal. Elle a souligné la force du mouvement du 25 avril 1974 dans l’émancipation des femmes et la reconquête de leurs droits, à commencer par le congé de maternité. Les jeunes ne se rendent pas compte du chemin parcouru pour arriver à la situation actuelle d’émancipation des femmes et de la conquête de leurs droits.
J’ai écouté un programme sur l’évolution du corona en Turquie. Plus de 2000 morts jusqu’à cette date, alors qu’en Iran le nombre a atteint les 5000 morts, avec 100 000 personnes contaminées, soit environ 5000 cas par jour. L’expert Guillaume Perrier xviconteste la fiabilité de ces chiffres. La Turquie n’a pas déclaré de confinement total, sauf les week-ends du jeudi soir au lundi matin. Elle tient à maintenir le fonctionnement de son économie. Cependant, elle confine les moins de 20 ans et les plus de 60 ans. Aucune critique de ces mesures n’est admise, sous peine de représailles. Elle dispose de masques pour sa population, que son industrie textile fortement développée a rapidement produit. Ils sont distribués à la population par la poste, à raison de cinq masques par personne par semaine, pour ceux qui travaillent. Ils sont aussi distribués gratuitement dans les transports publics et les magasins. Les transports en commun continuent à fonctionner, malgré les craintes de propagation du virus du maire d’Istanbul. La baisse du prix du pétrole favorise l’économie et ce pays poursuit ses grands projets d’infrastructures.
En Turquie, les prisonniers sont maintenus en prison ; 300 000 personnes, dont une centaine de journalistes, sauf quelques rares individus qui ont bénéficié d’une amnistie, dont certains de l’extrême droite nationaliste. Il semble que le Président Erdogan cherche à renforcer son alliance avec ces groupes. Ses ambitions sur la Syrie restent intactes. Son armée continue à patrouiller avec les Russes dans la zone d’Idlib. Un poste frontière est de nouveau ouvert. La crise du corona n’a rien changé aux manœuvres militaires.