II- Un Déconfinement Progressif (20)

Encore la poésie qui prend le dessus : de la poésie pour les défunts

C’est un groupe de poètes qui s’est proposé d’envoyer des poèmes aux familles, où il y a eu un mort du covid. Nonante poètes se sont rassemblés, des trois communautés belges, des femmes et des hommes de tous les âges.

« La grande émotion nait à l’instant où on va téléphoner à une famille. Il faut trouver les mots pour ceux qui sont dans le désarroi ». Au premier appel, le poète a été profondément touché : pas possible pour ces personnes d’avoir pu avoir une seconde d’adieu, de voir leur parent, incinéré à la hâte sans eux, on leur téléphone « l’urne est prête ».

Un des organisateurs dit : « L’essentiel c’est l’aide que l’on peut apporter à nonante familles qui ont eu un mort du covid… aujourd’hui où l’épidémie s’atténue, les gens prennent la plume pour nous remercier pour les poèmes qu’ils ont lu pendant la cérémonie, puisque récemment plus de proches peuvent assister aux enterrements.

« La poésie est enfin à la une » dit-on partout. Le premier but du poète national étant de sortir la poésie de ses cercles étroits et de la mettre dans l’arène publique. Le journal Le Soir a publié des vidéos et les personnes les ont vues avant de contacter les poètes. Les demandes se sont enchainées. « Nous n’avons pas grand-chose de national pour l’instant, pas de gouvernement, mais nous avons un poète national ».

Ce sont des moments de partage et de solidarité.

Certains veulent prolonger cette action. Ils souhaitent la perpétuer toute l’année comme c’est le cas avec le collectif Vonk en Zonen à Anvers. Il faudra trouver un budget. Jusqu’à présent, ils ont tous été bénévoles puisque le titre de Poète national est purement honorifique. La poésie aime aussi l’inattendu. C’est ainsi qu’une infirmière et deux hôpitaux ont écrit pour dire : « C’est dur. Ecrivez-nous un poème pour tenir. Pour le moral ! » Trois femmes y ont
répondu avec force.

C’est ainsi que quand le monde vacille, le regard se tourne vers les poètes. Pas en donneurs de leçons, mais en utopistes. On retrouve cette attitude partout chez tous les peuples. Avec ces actions, les poètes se rapprochent du réel après avoir vécu parfois dans l’abstraction.

En France aussi, un poète raconte que lorsqu’il va dans des cénacles, des librairies, des écoles, même des prisons tout le monde lui dit : la poésie est de retour.

Quelle aide donner aux poètes, tout comme aux éditeurs de poésie ? Il faut nourrir son homme !

Une nouvelle intéressante : trois barcelonais ont créé un musée virtuel du covid. Ils ont sélectionné pendant toute la période du confinement des œuvres qui ont trait au vécu des personnes : des figures nostalgiques, des êtres humains dans des bulles celles exposées sur leurs balcons, et celles exposées sur les balcons.

Ce vécu fera partie de notre histoire, ainsi que tout ce qu’on écrit et raconte.

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